Au-delà du "net zéro" : Adopter la révolution de la "réduction nette" dans un monde où le carbone est limité
La notion de "zéro net" a captivé le monde de l'entreprise, qui s'est empressé d'annoncer des objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre et de s'engager à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, voire plus tôt. Il s'agit d'une étape essentielle pour éviter les pires conséquences du changement climatique, mais il est urgent que les entreprises ne se contentent pas de réduire leurs propres émissions, mais qu'elles capturent et séquestrent activement du carbone supplémentaire dans l'atmosphère : les "net removers" (éliminateurs nets).
Pourquoi les éliminateurs de filets sont-ils si importants ? Le concept de "zéro net" peut sembler rassurant, mais il s'agit essentiellement d'un jeu de moyennes. Il permet à certaines entreprises ou industries, souvent considérées comme "difficiles à réduire" en raison de limitations technologiques ou de pratiques bien ancrées, de compenser leurs émissions par d'autres réductions plus importantes. Cela repose toutefois sur un équilibre mathématique précaire.
Imaginez un funambule traversant un gouffre en s'appuyant sur des contrepoids de part et d'autre pour assurer son équilibre. Le principe du net zéro consiste à maintenir cet équilibre en exigeant que certains marcheurs (les éliminateurs) ne se contentent pas d'atteindre l'autre côté, mais en entraînent activement d'autres (les réducteurs) à leur suite. Le problème, c'est qu'en l'absence d'un nombre suffisant d'éliminateurs nets, le système tout entier risque de nous plonger encore plus profondément dans la crise climatique.
Voici pourquoi il n'est pas suffisant de se concentrer uniquement sur l'objectif du "zéro net".
L'erreur des moyennes
On estime que les industries "difficiles à abattre", telles que la production de ciment et l'aviation, sont responsables de près d'un tiers des émissions mondiales. Bien que les progrès technologiques soient prometteurs, la décarbonisation complète de ces secteurs reste hors de portée dans un avenir proche. Le fait de s'appuyer uniquement sur le principe du "net zéro" permet à ces secteurs de continuer à émettre, en reportant la charge de l'atténuation sur d'autres, ce qui pourrait entraîner un dépassement des limites de sécurité de la planète.
Le talon d'Achille de la compensation
La dépendance actuelle à l'égard des compensations carbone, telles que la plantation d'arbres ou les projets d'énergie renouvelable dans les pays en développement, est semée d'embûches. La vérification de la légitimité et de la permanence des compensations est souvent obscure, ce qui suscite des inquiétudes quant à l'écoblanchiment et au double comptage. En outre, le fait de s'appuyer uniquement sur les compensations ne résout pas le problème fondamental : notre dépendance persistante à l'égard du carbone.
L'angle mort de l'innovation
L'accent mis par Net Zero sur la seule réduction risque d'étouffer le potentiel des technologies révolutionnaires d'élimination du carbone. Le captage direct de l'air, l'amélioration de l'altération atmosphérique et la séquestration du biochar, bien qu'ils n'en soient qu'à leurs débuts, offrent d'immenses possibilités pour extraire activement le carbone de l'atmosphère. Le fait de se concentrer uniquement sur l'objectif du "zéro net" risque d'éclipser ces innovations cruciales et d'entraver leur développement et leur déploiement.
Quelle est donc la solution ? Nous avons besoin d'un changement de paradigme, d'une transition entre la focalisation sur le "net zero" et l'adoption active de la révolution du "net remover". Voici ce que les entreprises peuvent faire pour participer à ce mouvement crucial.
Investir dans les technologies d'élimination du carbone
Aller au-delà de la compensation et soutenir activement le développement et le déploiement de technologies d'élimination du carbone éprouvées et prometteuses. Établir des partenariats avec des instituts de recherche, des start-ups et des projets pilotes, afin de contribuer à la mise à l'échelle de ces solutions et d'accélérer leur intégration dans le bouquet mondial d'énergies propres.
Plaider en faveur d'un changement de politique
Faire pression pour obtenir des mécanismes solides de tarification du carbone qui incitent et récompensent l'élimination réelle du carbone, et pas seulement les compensations. Faire pression pour des politiques de soutien qui favorisent la recherche, le développement et le déploiement de ces technologies, en créant des conditions de concurrence équitables pour que les entreprises qui procèdent à l'élimination nette du carbone puissent prospérer.
Repenser les modèles d'entreprise
Ne vous contentez plus de "réduire et compenser", mais adoptez des modèles qui séquestrent activement le carbone. Explorez les possibilités d'intégrer l'élimination du carbone dans votre activité principale, qu'il s'agisse de produits biosourcés qui stockent le carbone ou de processus de production durables qui capturent et utilisent le dioxyde de carbone.
Adopter la transparence
Soyez franc au sujet de vos émissions, tant actuelles que prévues. Faites clairement la différence entre une véritable réduction des émissions de carbone et de simples compensations. Mettez en avant votre engagement à devenir un réducteur net de carbone, en incitant d'autres personnes à rejoindre le mouvement.
La voie vers un avenir véritablement résilient au changement climatique exige plus qu'un simple exercice d'équilibrisme. Nous avons besoin d'éliminateurs nets, de héros qui nous tirent activement du bord du gouffre, et pas seulement de ceux qui maintiennent un équilibre précaire. En investissant dans la technologie, en prônant le changement et en repensant leurs modèles d'entreprise, les entreprises peuvent devenir des pionnières dans ce monde où le carbone est limité, et laisser un héritage qui va au-delà de l'impact net zéro pour atteindre l'impact net positif.
Dépassons l'écoblanchiment et embrassons le potentiel de transformation des personnes qui éliminent les émissions nettes. Nous pouvons réécrire la fin de l'histoire du climat, non seulement en réduisant notre empreinte, mais aussi en réduisant activement l'excès de carbone qui menace déjà notre planète.
Il ne s'agit pas seulement d'un appel à l'action pour les entreprises, mais d'un appel à l'action collective. Les consommateurs, les investisseurs et les décideurs politiques ont tous un rôle à jouer dans la création des conditions nécessaires à l'essor des entreprises de suppression des déchets. En soutenant leurs efforts, en exigeant la transparence et en plaidant pour des politiques de soutien, nous avons une chance de faire évoluer la situation dans l'intérêt de l'humanité tout entière.